mercredi 15 juillet 2009

portrait


Te dire pourquoi je préfère aujourd'hui prendre une personne en photo q'uun animal ou un coucher de soleil me serait bien difficile. Et pourtant j'y ai réfléchi longuement. Mais soyons franc, c'est le congénère qui m'interesse.
Voilà pourquoi j'ai envie de dire "où avons nous mis notre humanité?" Droit à l'image, droit à la publication, droit à prendre un monument en photo... droit qui est en fait devoir, obligation, interdiction. le mot droit a de fait bien changé ce qui nous informe pleinment sur notre société finalement et son évolution. le droit de soi au devoir de tous les autres.
le choix des mots comme pour les publicités, où l'on vous dit "seulement une gellule par jour ou une dose quotidienne" et que je pense avec sourire "obligation d'une dose par jour jusqu'à la fin des temps pour des effets non médicamenteux mais qui font comme si". Quand la croyance surpasse, dépasse et écrase le coeur, alors nous perdons notre humanité.
De même je m'inquiète de voir tous ces photomenteurs qui gomment les antennes, les voitures, les panneaux... pour atteindre un esthetisme pictural qui n'a pas lieu d'être en temps en photographie. et non contents de changer l'écrin de vie, brisent un diamant pour un faux galet peint.
Que pourrions nous dire aujourd'hui des photos du début du siecle si jolies à nos yeux, si on avait enlevé les charettes, les sabots crottés, les pauvres, les sales, les laids...? Voilà une perte de mémoire qui passe par la case écologie sociale, pour ne pas dire eugénisme dont on connait les conséquences ou tout est jetable et où chacun doit paradoxalement se faire une gloire personnelle de son vivant et disparaitre sans trace, brûlé sur sa barque wiking.
Doit on confondre "monde transmis à nos enfants tout beau, tout propre" et "image moralisée sélectionnée, normalisée, tribalisée et limitée dans un souci de jeunisme et de pseudobeauté" où le seul critère est "perte du défaut visuel" autrement dit, ce qui fait justement l'âme d'un lieu, de la personne de l'histoire.
Où sont les êtres humains qui finissent par se sentir laids ou indignes de photos à force de voir des photos (tout en gesticulant derrière les caméras en reportage tv) qui n'en sont plus parce qu'on a tout effacé de la personne pour garder l'essentiel: deux pupilles sur un vague individu qui n'est plus lui même au milieu de nulle part? Le photographe poète a perdu sa ride,son pli de vêtement, sa tâche de café, son voisin qui passe au loin, bedonnant.
Je proteste! ^^ vous êtes beaux et belles. Faut il encore comprendre que chaque photo est une histoire et que si l'histoire est bien racontée, alors la photographie fait sens et le spectateur comprend pour mieux partager. Non, je ne veux pas entendre "c'est une belle photo", mais "c'est un beau moment de vie".
Alors tu commences à comprendre qu'il est essentiel de partager celui là et beaucoup d'autres, qu'il y a de l'humanité en tout et que l'homme, bien qu'il doit être protégé ne doit pas finir comme tabou photographique sous des prétextes falatieux quasireligieux d'une caste de voyants voyeurs bien plus aveugles à visionner un monde qui n'existe pas par facilité.
Nous restons des enfants à refuser la frustration de voir le monde tel qu'il est et à refuser sa beauté pour le changer sans le connaitre, alors qu'on ne sait finalement pas s'adapter à lui et qu'il semble plus facile d'obliger le monde plutot que soi même.
Ouvrir les yeux et s'obliger à apprendre à maitriser l'outil, la lumière, à respecter l'homme, est ce si difficile que cela, si incompatible, si infernal? Un peu de modestie, un peu d'humanité et des photos qui nous ressemblent...


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